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CLÉMENT D’ALEXANDRIE

fois sur la révélation et sur la raison. Puis, dans les deux livres suivants, entrant dans les détails, il donne, sans ordre apparent, des prescriptions pratiques sur la nourriture, l’ameublement, les banquets, les conversations, sur la vie conjugale, sur la toilette, sur les relations sociales, sur les bains, etc. Ces prescriptions, plus modérées qu’on ne s’y attendrait étant donnée la tendance ascétique de l’auteur, proviennent en partie des écrits des philosophes grecs, notamment de ceux du stoïcien Musonius[1] ; seulement, elles sont appuyées ici sur des textes de l’Écriture et rapportées à un idéal que l’auteur tire de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Préceptes, citations, commentaires, allégories, effusions lyriques, réflexions subtiles se mêlent d’ailleurs sans cesse dans ce livre étrange et curieux ; et, comme il est naturel, la préoccupation des petites choses n’est pas sans y rapetisser l’intention générale[2].

Les Stromates (Κατὰ τὴν ἀληθῆ φιλοσοφίαν γνωστικῶν ὑπομνημάτων στρωματεῖς, proprement Tapisseries de notes gnostiques selon la philosophie de la vérité[3]) forment le troisième terme de la série. Cette fois, l’auteur écrit pour des chrétiens achevés, pleinement adonnés à la vie spirituelle, et il se propose de traiter à leur intention les hautes questions de doctrine ou de morale qui se rapportent à ce qu’il nomme « la gnose », ou philosophie de la vérité. C’est ce qu’il fait, sans plus d’ordre d’ailleurs que précédemment, à travers les sept livres dont se compose son ouvrage[4]. Les sujets les plus

  1. P. Wendland, Quæstiones musonianæ (De Musonio stoico Clementis Alexandrini aliorumque auctore), Berlin, 1886.
  2. Winter, Die Ethik des Clemens von Alexandrien, Leipzig, 1882.
  3. Les titres de ce genre, d’une fantaisie prétentieuse, étaient alors à la mode. Voir Aulu-Gelle, N. Att., Préface.
  4. Le ms. unique des Stromates (Laurentianus, V, 3) donne un 8e livre, qui figure dans toutes les éditions. Il n’est pas sûr qu’il soit de Clément ni qu’il appartienne à cet ouvrage. Voir Harnack, Altchr. Lit., t. I, p. 315.