Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/779

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
761
VUE GÉNÉRALE

proie à l’anarchie (235-268) ; le spectacle du monde est si décourageant que les meilleurs esprits s’en détournent et cherchent ailleurs où placer leurs espérances. Or, justement en ce temps, le conflit des religions, devenu plus sensible, excite les intelligences à éclairer leurs croyances, à les développer, à les achever. Le christianisme, dont on sent enfin la force, devient un stimulant pour la philosophie grecque ; et, de son côté, cette philosophie, dont les docteurs chrétiens ne peuvent méconnaitre la science et la méthode, se tourne pour eux, qu’ils l’avouent ou non, en un exemple fécond. Ces temps d’échanges sont des temps de pensée. Ce qui avait manqué au monde grec depuis longtemps, c’étaient des courants intellectuels d’origines diverses. Depuis plusieurs siècles, tout, en matière d’idées, venait de la même source et suivait le même cours. Il y avait profit pour lui à sentir maintenant sa tradition battue en brèche et à se voir obligé de la modifier.

Voilà en somme bien des choses dignes d’intérêt dans ce siècle d’assez médiocre réputation. Il faut essayer de les mettre en lumière successivement. Mais, avant d’arriver à ce qui est nouveau en lui, commençons par ce qui le rattache le plus directement au précédent, à savoir la survivance de la sophistique.


II

Nous avons énuméré plus haut les principaux représentants de l’éloquence à la mode dans la dernière partie du second siècle. Cette liste pourrait être continuée à travers le iiie siècle. Elle serait sans intérêt. Détachons seulement ce qui mérite d’être mentionné.

D’abord la lignée des Philostrate[1]. Celle-ci semble

  1. Sur cette famille, assez difficile à débrouiller, consulter Bergk.