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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

risme, qui en est, presque à tous égards, la contre-partie.

Le fondateur de l’École, Épicure, était un Athénien du dème de Garghettos[1]. Il naquit en 342. Il grandit à Samos, ou son père était venu habiter en qualité de clérouque. Devenu homme, il exerça pour vivre le métier de maître d’école. En même temps qu’il enseignait les lettres aux enfants, il lisait beaucoup pour son propre compte. Son esprit s’inquiétait de l’origine des choses et des maux de l’humanité. Les explications du chaos hésiodique qu’il trouva chez les commentateurs de la Théogonie le dégoûtèrent. Au contraire, ayant lu Démocrite, il fut charmé de sa doctrine, et s’en nourrit. Il semble avoir constitué son propre système vers l’âge de trente ans. De 310 à 306, il l’enseigne successivement à Mytilène et à Lampsaque. En 300, il revient à Athènes, où il devait finir sa vie. Dès son retour, il acheta pour quatre-vingts mines[2] le fameux jardin (κῆπος) où il allait prendre l’habitude de réunir ses disciples, qu’il appelait ses amis[3]. Le caractère d’Épicure fut attaqué de bonne heure avec violence et perfidie, surtout par ses rivaux les Stoïciens[4], qui l’accusèrent de tous les vices. Diogène Laërce, son biographe, prend sa défense avec ardeur. Quoi qu’on pense de la doctrine, il est certain que l’homme était charmant, plein de douceur et d’aménité, d’une délicatesse d’esprit et de cœur vraiment exquise. Il vivait avec ses amis d’une vie commune dans

  1. Notice dans Diog. L., (livre X tout entier). La partie biographique remplit les §§ 1-14. — On trouvera tous les textes relatifs à Épicure dans l’excellent ouvrage de Usener, Epicurea, Leipzig, 1887. — V. aussi les deux ouvrages célèbres de Gassendi : De Vita et moribus Epicuri, Lyon, 1647, et De Vita, moribus et placitis Epicuri, animadversiones in librum X Diogenis Laertii, Lyon, 1649.
  2. Diog. L., X, 10.
  3. Γνώριμοι. Diog. L., X, 12.
  4. Diog. L., X, 3-8.