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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÉRE À DIOCLÉTIEN

La 72e lettre est un reproche à Caracalla assassin de son frère Géta : c’est assez dire qu’elle n’a jamais été envoyée à son destinataire. La 73e, la plus longue de toutes, est adressée à l’impératrice Julia : l’auteur y défend les sophistes, décriés par un certain Plutarque. Tout cela se réduit en somme à un recueil de jeux d’esprit et de pointes, sans intérêt historique et sans valeur réelle[1].

Philostrate de Lemnos ne se distingue guère de son oncle que par un tour d’imagination plus poétique et une certaine affectation de simplicité dans le style[2].

Une tendance analogue à celle qui avait inspiré à Philostrate l’Athénien la Vie d’Apollonios de Tyane se laisse deviner dans l’Héroïque ou Dialogue sur les Héros Ἡρωϊϰός (Hêrôïkos)), qui fut écrit par lui probablement sous Alexandre Sévére[3]. Le mysticisme rêveur du temps avait besoin de songeries surnaturelles ; et les habiles gens qui savaient écrire en tiraient profit. Voici le sujet. À Éléonte, sur les bords de l’Hellespont, un vigneron accueille un marchand phénicien : assis avec l’étranger dans sa vigne, sous les grands arbres, non loin du tombeau de Protésilas, il l’entretient de ce héros, lui apprend qu’il se montre à lui fréquemment, qu’il s’intéresse à ses travaux. De propos en propos, il en vient à lui parler de

  1. On peut en dire autant de deux fragments qui accompagnent ce recueil de lettres. L’un est une définition des qualités propres au genre épistolaire : il est plaisant d’y voir l’auteur recommander, en termes d’ailleurs prétentieux, la simplicité et la clarté. L’autre est un pur développement sophistique sur l’exposition et la conciliation de la nature et de la coutume. Suidas attribue à Philostrate un recueil de διαλέξεις (dialexeis) : ce second fragment doit provenir d’une de ces amplifications.
  2. Ménandre (Rh. Gr., Spengel, t. III, p. 190) : Ἐξαγγελία.. ἀπλουστέρα.. ϰαὶ ἀφελεστέρα, οἴα ἡ Ξενοφῶντος ϰαὶ Φιλοστράτου τοῦ τῶν Ἡρωΐϰῶν τὴν ἐξήγησιν ϰαὶ τὰς Εἰϰόνας γράψαντος, ἐρριμμένη ϰαὶ ἀϰατάσϰευος.
  3. Héroïque, II, 6, mention de l’athlète Hélix, dont il a été parlé plus haut.