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PHILOSTRATE L’ATHÉNIEN

Les moindres de ses personnages sont de grands hommes à ses yeux. Malgré cela, il s’applique à donner des rangs, à noter le fort et le faible de chacun. Et l’on voit par ses jugements combien la critique était alors aiguisée dans ce monde de sophistes et d’amateurs de sophistique. On lui pardonnerait bien des défauts, si du moins il se piquait de précision. Tant s’en faut : comme biographe, il est vague, superficiel ; rarement, il trouve le détail qui révèle l’homme ; et, quand il le trouve, son style poétique et prétentieux se prête mal à le mettre en valeur. Tout au plus peut-on dire qu’il peint le maître dans son école, l’orateur sur son théâtre ; l’homme lui-même lui échappe.

N’insistons ni sur le traité de la Gymnastique ni sur les Lettres. — Le premier est une étude historique et théorique, en un livre, sur les exercices des athlètes, composée probablement sous Élagabale ou sous Alexandre Sévère[1]. On y trouve des renseignements sur le régime des athlètes, sur les qualités spéciales qu’exigeaient d’eux les divers genres d’exercice. L’auteur s’intéresse à son sujet, mais il le traite en sophiste, plus préoccupé de briller que d’instruire. — Le recueil de Lettres comprend 73 morceaux. Les 64 premières lettres sont des exercices d’école, simples variations sur des thèmes amoureux, empruntés à la comédie nouvelle, à l’élégie alexandrine, ou purement imaginaires[2]. Les neuf dernières semblent provenir d’une correspondance réelle. Ce sont des billets très courts, quelques-uns condensés en un simple trait satirique, d’autres enfermant un éloge ou une recommandation en quelques lignes, qu’un agencement savant fait ressembler aux vers d’une épigramme.

  1. Il y est fait mention, (ch. xlvi) de l’athlète Hélix, célèbre sous Élagabale (Dion Cassius, 79, 40).
  2. On a vu plus haut que la « lettre » était une des formes d’amplification en honneur parmi les sophistes.