Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/792

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
774
CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

Élien[1]. Il est bien propre, lui aussi, à mettre en lumière quelques-unes des tendances caractéristiques de son siècle.

Né près de Rome, à Préneste, dans le dernier tiers du second siècle, il était mort lorsque Philostrate l’Athénien traça son portrait dans ses Vies des Sophistes ; il n’avait guère vécu au delà de soixante ans[2]. Son biographe atteste qu’il se vantait de n’avoir jamais quitté l’Italie[3] ; il fut grand prêtre dans sa ville natale : c’était un pur Romain par les mœurs, mais il aimait passionnément la Grèce et parlait grec comme un Athénien[4]. Il eut pour maître d’éloquence Pausanias de Césarée, et il subit en outre l’influence d’Hérode Atticus, qu’il admirait particulièrement. S’étant essayé à la parole, il n’y réussit pas assez pour se satisfaire lui-même, malgré les éloges qu’il obtint ; dès lors, il se contenta de montrer son art, en écrivant. Parmi ses discours, Philostrate cite une diatribe contre Élagabale (Κατηγορία τοῦ Γυνννίδος), composée après la mort de ce prince (222), probablement donc au début du règne d’Alexandre Sévère[5].

Ses œuvres vraiment curieuses sont celles où il mit son érudition variée et sa patience de collectionneur au service du goût qu’il avait pour la prédication morale et religieuse. Comme beaucoup de sophistes, Élien était

  1. Suidas, Αἰλιανός ; Philostr., Vies des soph., II, 31. — Art. Claudius Elianus, dans Pauly-Wissowa, t. I, p. 486.
  2. Vies des Soph., II, 31.
  3. Philostrate ne dit pas à quel moment cette parole fut prononcée. Il est possible que, plus tard, Élien ait visité l’Égypte. J’ai peine à croire que les mots ἐθεασάμην ἐν Ἀλεξανδρείᾳ, dans l’Hist. des animaux, XI, 40, soient empruntés avec le reste du passage à Apion, comme le pense Wellmann (Pauly-Wissowa, art. cité).
  4. Ibid. : Ῥωμαῖος μὲν ἦν, ἠττίϰιζε δὲ ὥσπερ οἱ ἐν τῇ μεσογείᾳ Ἀθηναῖοι.. Et plus loin : λόγου πλείονος ϰατὰ τὴν Ρώμην ἠξιοῦτο ὡς τιμῶν τὰ ἤθη. Voy. Hist. variée, II, 38.
  5. Philostrate rapporte que son neveu, Philostrate de Lemnos, dit à Élien, non sans esprit : Ἐθαύμαζον ἂν εἰζῶτος ϰατηγόρησας.