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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

L’érudition chez Élien n’était guère qu’un prétexte. Elle fut au contraire la passion sincère d’un autre écrivain du même temps, Athénée, qui est pour nous le représentant par excellence de la sophistique savante. Tout ce que nous savons de lui, c’est qu’il était de Naucratis en Égypte ; Suidas le qualifie de grammairien[1]. Son principal ouvrage semble avoir été publié après 228[2]. Il avait écrit sur plusieurs sujets, notamment sur les rois de Syrie (Banquet, V, 211 a)[3]. Mais la seule œuvre de lui qui ait survécu et qui ait préservé son nom est le Banquet des Sophistes (Δειπνοσοφισταί).

Le Banquet des Sophistes, dans sa forme originale, était une véritable bibliothèque en trente livres[4]. On l’abrégea une première fois, nous ne savons en quel temps, pour le réduire à quinze livres ; c’est en cet état qu’il nous est parvenu, avec des lacunes assez graves[5]. On l’abrégea une seconde fois vers le commencement de la période byzantine ; et cet abrégé, qui s’est également conservé, supplée en partie aux lacunes du précédent. Lorsqu’un ouvrage subit ainsi des abréviations successives, il y a lieu de soupçonner qu’à l’origine il renfermait à la fois un certain nombre de choses utiles et beaucoup d’autres qui ne l’étaient pas. Cela est vrai en tout cas de celui dont nous parlons.

Athénée a imaginé une mise en scène dont l’idée première remontait par une longue tradition jusqu’à Pla-

  1. Suidas, Ἀθήναιος. — Article Ἀθήναιος, n° 22, dans Pauly-Wissowa.
  2. Il y parle de la mort d’Ulpien, qui eut lieu en 228 (l. XV, p. 286 e) ; malgré la part de fiction qu’il mêle à la réalité, il y a lieu de croire qu’il n’eut pas fait mourir un personnage vivant (Voir Kaibel, Préf. de son édition).
  3. Voir C. Müller, Fragm. Hist. Gr., III, 656.
  4. La trace de cette division primitive se trouve à la marge du ms. de Venise.
  5. Manquent les deux premiers livres, le commencement du troisième, deux parties du onzième, et la fin de l’ouvrage.