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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

débitent des articles de dictionnaire en guise de propos de table, qui prouvent leurs dires par des enfilades de citations, qui épuisent les énumérations par souci d’être complets, ne sont ni des gens du monde ni des êtres vivants. Ce sont des chapitres de traités, habillés en hommes, Le drame n’est ici qu’un prétexte, et l’encyclopédie, dissimulée, reparaît partout.

L’érudition de l’auteur, il est vrai, mérite d’être admirée. Bien que l’étude des sources du Banquet soit encore loin d’avoir donné des résultats définitifs, on peut constater qu’Athénée avait lu par lui-même un grand nombre des auteurs qu’il cite[1]. Et ces citations accumulées prêtent aujourd’hui un grand prix à son œuvre. C’est à lui que nous devons la meilleure partie de ce qui nous reste de la comédie moyenne et nouvelle. En outre, il n’y a pas dans toute l’antiquité de recueil d’informations sur les sujets les plus divers qui soit comparable en richesse à celui-là[2]. Indépendamment des trop longues et fastidieuses notices sur les diverses façons de banqueter, sur les aliments, les boissons, le luxe, la cuisine et ses grands hommes, on y trouve de curieux chapitres sur les instruments de musique (fin du l. IV et livre XIV), sur quelques banquets célèbres (l. V), sur les devinettes (fin du l. X), sur l’amour (Ἐρωτιϰὸς λόγος, l. XIII), avec mainte anecdote relative aux courtisanes célèbres. À chaque page, sous le fatras et le bavardage, les faits intéressants abondent. Bref, c’est un ouvrage qu’il faut dépouiller pour connaître l’antiquité, mais qu’il est impossible de lire.

  1. Discussions à ce sujet : Rudolph, Leipziger Stud., VII ; Philolog., suppl., VI ; Bapp, Leipziger Stud., VIII, et en général l’art. cité de Wenzel dans Pauly-Wissowa, I, p. 2032.
  2. Voir, dans le même article, l’exposé de ce que contient l’ouvrage, livre par livre.