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LA RHÉTORIQUE : APSINÈS

III

Nous avons laissé la rhétorique, au chapitre précédent, dans l’état ou Hermogène l’avait constituée. Comme nous l’avons remarqué alors, elle avait pris entre ses mains une forme à peu près définitive. On ne pouvait plus la modifier qu’à la condition d’en renouveler les fondements mêmes. Aussi l’œuvre des rhéteurs du iiie siècle est-elle en somme fort médiocre. Celle de la critique, qui s’y rattache, semble avoir été plus importante ; mais elle nous est fort peu connue.

Un des maîtres les plus renommés dans la première moitié de ce siècle fut Apsinès, de Gadara (de 190 à 250, environ)[1]. Il enseignait à Athènes, d’après Suidas, sous le règne de Maximin (235-238) ; disciple de Basilicos, et ami des Philostrate, il fut, sous Philippe l’Arabe, (244-249), le rival des plus brillants sophistes du temps, Major, Nicagoras, Fronton d’Émèse[2]. De ses discours, il ne nous est rien resté. Mais son enseignement nous est encore en partie présent dans sa Rhétorique[3]. L’auteur n’y apporte rien d’essentiellement nouveau, même quand il se sépare d’Hermogène ; il accepte d’une manière générale la classification et la nomenclature traditionnelles ; il ne remonte pas plus que ses devanciers aux principes philosophiques : son dessein est avant tout

  1. Suidas. Ἀψίνης Γαδαρεύς. Philostr. V. des Soph., II, 33, fin. — Art. de Brzoska dans Pauly-Wissowa, Apsines.
  2. Voir ces noms dans Suidas.
  3. Rhet. Græci de Spengel, t. I, p. 331. Le titre de l’ouvrage est diversement altéré dans les mss. Le plus important de ceux-ci est le Parisinus 1874. Le texte de la rhétorique y est d’ailleurs défiguré, comme dans tous les autres mss., par diverses interpolations. Ce chaos a été débrouillé peu à peu par Ruhnken, Spengel, Finckh. Voir l’art. cité de Brzoska. — Le traité Περὶ ἐσχηματισμένων προϐλημάτων, qui est joint à la Rhétorique, n’en est sans doute qu’un chapitre aujourd’hui détaché.