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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

à Athènes, il passa en Syrie, et, sous le règne d’Aurélien (270-275), il s’attacha à la reine de Palmyre, Zénobie, veuve d’Odenath, d’abord comme professeur, puis comme conseiller ; il l’excita même et la soutint dans sa résistance aux armes romaines, et enfin, tombé aux mains du vainqueur, fut condamné et exécuté en 273[1]. De ses écrits philosophiques il ne nous reste qu’un fragment d’un traité Sur le souverain bien (Περὶ τέλους)[2]. Il se rattachait par ses tendances générales à l’école néoplatonicienne, mais il ne semble pas qu’il ait pris une part bien importante à son développement ; le chef de l’école, Plotin, ayant lu son traité Περὶ Ἀρχῶν, se refusait même à reconnaitre en lui un vrai philosophe[3]. Comme maître de rhétorique, Longin avait composé divers ouvrages, dont un seul, de médiocre importance, a subsisté, en partie[4]. C’est un Traité de rhétorique (Τέχνη ῥητοριϰή), qui ne consiste guère qu’en un recueil d’observations pratiques enfermées dans les cadres traditionnels, sources d’invention, disposition, diction, débit, mémoire ; il dut sans doute son succès à ce que tout y était simple, condense, facile à retenir[5]. — En réalité c’est surtout à titre de critique que Longin se fit une haute réputation parmi ses contemporains. Sa grande autorité est attestée par une série de témoignages concordants. Porphyre, qui l’a bien connu, vante sa pénétration et son goût sûr, qui faisaient de lui le premier des criti-

  1. Vopiscus, Aurel., ch. xxx. Zosime, I, 56.
  2. Voyez plus haut, p. 783, n. 5.
  3. Φιλόλογος μὲν ὁ Λογγῖνος, φιλόσοφος δὲ οὐδαμῶς, Porphyre, Vie de Plotin, 14. Zeller, Die Phil. d. Griech., t. V, p. 463 et suiv.
  4. Confondu dans les mss. avec la Rhétorique d’Apsinès, ce traité de Longin en a été dégagé par Ruhnken  ; voir Walz, Rh. Gr., III, p. XXIII.
  5. Voir l’appréciation de l’Anonyme (Rh. Gr. de Spengel, t. I, p. 321), qui égale cette Rhétorique à celle d’Hermogène, et même la préfère οὔτος γὰρ (Longin) ϰαὶ εὐμαθέστερος ἐστι τοῖς ἀναγινώσϰουσιν.