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LE ROMAN ; JAMBLICHOS

Le drame de Jamblichos n’a pas pour théâtre, comme celui d’Antonius Diogène, le monde entier. Ses personnages ne sortent pas de la région de l’Euphrate, et même la plus grande partie de l’action se passe aux environs de Babylone. Ainsi le roman chez lui ne se subordonne plus à la géographie descriptive ; mais si ça n’est plus un voyage autour du monde, c’est toujours une série de courses éperdues, à travers des aventures paradoxales. Toutefois, l’intérêt y est plus fortement concentré sur les personnages principaux, qui sont ici le jeune Rhodanès et la belle Sinonis, épris l’un de l’autre. Persécutés par le méchant roi de Babylone, Garmos, ils finissent, après mille épreuves, après des terreurs sans cesse renaissantes, par triompher de lui. Rhodanès devient même roi à sa place, conformément à une prédiction faite dans la première partie : car l’auteur a eu l’intention de conduire son récit, malgré la multiplicité des détours, à une fin prévue. Et c’est là un progrès réel. Il sembla aussi que la mise en valeur des sentiments y avait pris plus d’importance. L’auteur s’était servi de ses inventions pour éclairer les caractères. Sinonis, amoureuse de Rhodanès, était jalouse jusqu’à la fureur. Un fragment mutilé nous fait assister à une scène où le sage Soræchos cherchait en vain à calmer ses transports[1]. Par malheur, il y avait, chez Jamblichos, plus de désir de briller que de goût pour la vérité. Contemporain d’Hérode Atticus, il avait mis en œuvre toutes les ressources de la sophistique contemporaine[2]. C’est là, avec les scènes de magie, ce qui contribua le plus au

    qu’en donna Photius s’arrête au XVIe et sembla complète ; comme le livre eut grand succès, on peut expliquer cette divergence en supposant qu’il y eût plusieurs éditions, diversement divisées.

  1. Hercher, ouv. cité, II, p. LXIV.
  2. Voir dans Hinck, ouv. cité, p. 46, le discours du maître accusant son esclave d’adultère, et, p. 49, la description du cortège du roi de Babylone.