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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

succès de son livre. Les nombreuses citations de Suidas attestent qu’il demeura populaire jusqu’au xe siècle au moins.

Nouveau progrès avec Xénophon d’Éphèse[1], qui semble appartenir au iiie siècle. Si nous étions plus sûrs des dates, c’est à ce moment, et par le fait de cet écrivain, que nous pourrions considérer le genre comme définitivement constitué. Malheureusement, la seule raison qu’on ait de croire que Xénophon a écrit au iiie siècle, c’est que, d’une part, les caractères de son style et de son œuvre ne permettent guère de le faire remonter plus haut, et que, d’autre part, il paraît ignorer la destruction du temple d’Éphèse, qui eut lieu sous Gallien, en 263. Rien de tout cela n’est bien probant ni bien précis, même en ajoutant qu’il semble avoir mis à profit l’œuvre de Jamblichos, et qu’il a été imité à son tour par Héliodore et par Chariton, ainsi que par Aristénète[2].

Son roman est intitulé Récits éphésiens relatifs à Anthéia et à Habrocomès (Κατὰ Ἄνθειαν ϰαὶ Ἁϐροϰόμην Ἐφεσιαϰοὶ λόγοι), ou, par abréviation, les Éphésiaques, (Ἐφεσιαϰά)[3]. Il a pour sujet les amours du bel Habrocomès d’Éphèse et de la jeune Anthéia, ou plutôt les tristes aventures qui les séparent aussitôt après leur mariage et qui ne prennent fin qu’avec le roman lui-même. Ces aventures, en elles-mêmes, sont analogues à celles qui remplissaient les Babyloniques ; mais voici la nouveauté du livre. D’abord, elles ne se passent ni dans des

  1. Suidas, Ξενοφων Ἐφέσιος. En dehors de cette notice, qui ne nous apprend à peu près rien, nous n’avons aucun renseignement biographique sur Xénophon.
  2. E. Rohde, Gr. R., p. 388 et suiv. Cf. Schnepf, De imitationis ratione inter Heliodorum et Xenophontem Ephesium, Kempten, 1887.
  3. Dans le texte que nous possédons, il forme cinq livres, qui conduisent l’aventure jusqu’à son dénouement. Selon Suidas, il formait dix livres. Il est donc possible, mais nullement certain, que notre texte représente une édition abrégée. E. Rohde, p. 401.