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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

ces deux dates qu’elle a cessé d’être jouée en public. Et non seulement on ne la joue plus, mais on ne l’imite même plus. Nous ne connaissons aucune œuvre de forme dramatique qui puisse être rapportée à ce temps, après les « tragédies » d’Œnomaos de Gadara, dont il a été question plus haut.

Les seuls genres qui subsistent sont l’épopée mythologique, la poésie didactique, et certaines formes de poésie lyrique.

L’épopée mythologique paraît avoir été spécialement exploitée par les érudits. Sous Septime-Sévère, le lycien Nestor, de Laranda, compose des Métamorphoses, dont il ne reste rien, et il réalise en outre le tour de force inepte de refaire une Iliade, en éliminant successivement de chacun des vingt-quatre chants la lettre de l’alphabet qui en marquait le numéro d’ordre (Ἰλιὰς λειπογράμματος)[1]. Un peu plus tard, son fils, Pisandre, sous Alexandre Sévère, met en vers tout un cycle mythologique en soixante livres, qu’il intitule Théogamies héroïques, c’est-à-dire unions des dieux et des mortelles, des déesses et des héros[2]. — Vers le milieu du siècle, un poète dont Porphyre seul nous a conservé le souvenir, Zoticos, ami de Plotin et critique de profession, après avoir donné une édition d’Antimaque, versifiait la légende de l’Atlantide « très poétiquement »[3]. — Mais, en ce genre, le mieux doué paraît

  1. Suidas, Νέστωρ Λαρανδεύς.
  2. Suidas, Πείσανδρος Νέστορος. Pisandre semble avoir dissimulé sa personnalité et s’être donné pour un poète de l’âge antéhistorique. Voir dans l’Hésiode de Didot, la notice sur Pisandre de Rhodes, p. 6, et les fragments des Théogamies héroïques, p. 8. Mais cette supercherie n’est pas une raison pour mettre en doute l’attribution de ce poème au fils de Nestor, car les renseignements de Suidas sont précis et paraissent venir de bonne source.
  3. Porphyre, Vie de Plotin, c. 7 : Τὸν Ἀτλαντιϰὸν εἰς ποίησιν μετέϐαλε πάνυ ποιντιϰῶς.