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PLOTIN ; PORPHYRE.

donné à tout cela qu’une petite part dans sa doctrine et dans sa vie. Mais, après lui, le germe morbide allait se développer jusqu’à une sorte de folie.

Avec ses défauts et ses qualités, le néoplatonisme de Plotin aurait pu avoir, si l’état social eut été autre, une immense influence littéraire. Il y avait là une manière nouvelle de penser et de sentir, par conséquent une source d’inspiration. Mais Plotin lui-même, nous l’avons dit, n’avait a aucun degré le sens de l’art. Sa dialectique abstraite, subtile, obscure, ne pouvait être comprise qu’avec effort. Bien de ce qu’il écrivait n’était fait pour émouvoir un public nombreux. D’autres, il est vrai, auraient pu interpréter et populariser sa doctrine. Mais il n’y avait plus en ce temps de société littéraire à proprement parler, plus de curiosité pour les formes nouvelles du beau et du vrai. Le néoplatonisme, malgré sa valeur et son appropriation à l’esprit du temps, ne communiqua pas d’ébranlement fécond à l’imagination contemporaine[1].

VIII

Parmi les disciples de Plotin, ni Amélius Gentilianus, ni Eustochios d’Alexandrie, ni Origène le néoplatonicien, ni Firmus Castricius ne peuvent arrêter notre attention[2]. Un seul, Porphyre, doit être distingué, à la

  1. Il eut d’ailleurs une influence morale et religieuse profonde, mais seulement une influence morale et religieuse. Eunape, V. des Soph., Plotin : Πλωτίνου θερμοι βωμοὶ νῦν (au ve siècle) ϰαὶ τὰ βιϐλία οὐ μόνον τοῖς πεπαιδευμένοις διὰ χεῖρας ὑπὲρ τοὺς Πλατωνιϰοὺς λόγους, ἀλλὰ ϰαὶ τὸ πολὺ πλῆθος, ἐάν τι παραϰούσῃ δογμάτων, ἐς αὐτὰ ϰάμπτεται. Eunape, malheureusement, est toujours suspect d’exagération oratoire.
  2. Amélius Gentilianus, le plus remarquable d’entre eux, était originaire d’Étrurie. Il s’attacha à Plotin en 247 et resta auprès de lui jusqu’à sa mort. Il avait mis en ordre les notes qu’il prenait