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LE CHRISTIANISME AU IIIe SIÈCLE.

s’organisait ainsi en une croyance coordonnée, le christianisme, de son côté, se développait et se fortifiait.

Toutefois, malgré ce qu’il y avait en lui d’énergie et de vitalité, on ne le voit pas réussir encore, au iiie siècle, à créer de belles formes d’art littéraire, ni même à s’approprier complètement celles du paganisme. Le contraste, à cet égard, est frappant entre l’Orient grec et l’Occident latin. En Occident, ses représentants sont presque tous des hommes éloquents ou diserts, un Tertullien, un Minucius Felix, un Cyprien, un Arnobe, un Lactance. En Orient, il compte des docteurs, des exégètes, des annalistes : il n’a vraiment ni grands orateurs, ni grands écrivains. Seulement, — et c’est là le progrès sur le siècle précédent, — s’il ne les a pas encore, on sent qu’il les aura bientôt. La manière un peu timide et embarrassée des apologistes du second siècle est largement dépassée. Voici que le mouvement annoncé par Clément d’Alexandrie se continue et s’amplifie. On voit naître des œuvres comme celle d’Origène, animées d’un souffle puissant, pleines d’idées, où s’incorporent les grandes traditions de science et d’humanité, et où la pensée se déploie avec une sorte d’abondance confiante. Le christianisme apostolique a pris fin ; celui qui apparaît est un christianisme hellénique, qui offre à l’humanité d’alors de quoi satisfaire, non seulement certains besoins du cœur, mais la plupart de ses hautes aspirations.

Dans la première moitié du siècle, il est surtout représenté par deux hommes, Hippolyte à Rome, Origène à Alexandrie et en Orient.

Hippolyte, dont la personne et la vie sont très mal connues, paraît avoir enseigné à Rome depuis les premières années du iiie siècle jusqu’en 235. À cette date, il était prêtre. Il fut déporté avec le pape Pontianus en