Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/862

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
844
CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

Sardaigne, et probablement y trouva la mort[1]. Selon Photius, il avait été disciple d’Irénée ; il connut et admira Origène, et usa de son influence sur lui pour l’amener à publier ses leçons exégétiques. Continuateur des maîtres qui, dès le second siècle, inaugurèrent à Rome ce qu’on pourrait appeler l’enseignement supérieur du christianisme, il semble y avoir transporté quelque chose des méthodes et de l’esprit d’Alexandrie[2]. Si le récit des Philosophoumena (ix, 7, 11, 12) se rapporte bien à lui, il fut en conflit de doctrine avec le pape Calliste (217-222), et les dissidents dont il était le chef l’élurent évêque. En ce cas, une réconciliation dut intervenir ensuite, car il fut honoré par l’Église comme martyr.

L’œuvre d’Hippolyte comprenait des commentaires sur presque toutes les parties de l’Écriture, des écrits d’apologie et de polémique, des traités didactiques, enfin des travaux importants de chronologie. Il ne nous reste de tout cela que des titres et des fragments[3]. Ces fragments et ces titres attestent du moins une étendue de connaissances, une activité d’esprit, une variété d’aperçus, où se manifestent vivement les caractères nouveaux de l’enseignement chrétien en ce temps. Ce qui recommande surtout aujourd’hui et l’attention le nom d’Hippolyte, c’est l’ouvrage intitulé Philosophoumena. Jusqu’au milieu du xixe siècle, on n’en connaissait que le premier livre, qui était attribué à Origène ; Minoïde Minas découvrit, en 1842, un manuscrit de l’Athos, qui

  1. Eusèbe, Hist. eccl., VI, 22 ; Jérôme, De Viris illustribus, ch. 61 ; Suidas, Ἱππόλυτος (Hippolutos) ; Photius, cod. 94 ; Catal. Libérien. — Bardenhewer, Patrol., § 25. Batiffol, Litt. gr. chrét., p. 146. Harnack, Gesch. d. altchr. Lit., 1re p., t. II, p. 605 et suiv.
  2. À côté de lui, d’autres, que nous laissons de côté à dessein, se firent alors un nom dans le même milieu, par exemple Caïus, prêtre, un de ceux auxquels on a cru pouvoir attribuer les Philosophoumena.
  3. P. A. de Lagarde, Hippolyti romani quæ feruntur omnia grace, Leipzig et Londres, 1858.