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CHAP. VI. — DE SEPTIME-SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

tent d’ailleurs ou même combattent quelques opinions particulières d’Origène[1].

Dans le même temps, on voit apparaître à Antioche une série d’autres docteurs qui s’inspirent d’un esprit différent et qu’on a pris l’habitude de grouper pour cette raison sous le nom d’école d’Antioche[2]. Tandis que les Alexandrins sont platoniciens et allégorisants, ceux-ci relèvent plutôt d’Aristote et inclinent, dans l’exégèse, vers le sens littéral. Cette tendance prend corps dans la seconde moitié du iiie siècle avec le savant Lucien de Samosate, qui enseigne alors à Antioche et subit le martyre en 311[3]. Lui aussi, comme Origène, s’occupe d’établir le texte des Écritures, et, comme lui, il l’explique. Et c’est à l’esprit général de son interprétation que se rattachera, au siècle suivant, l’Arianisme.

En dehors même de l’école, l’Origénisme divisait les esprits. Un des plus remarquables disciples du grand docteur alexandrin fut Grégoire dit le Thaumaturge. D’abord païen, il entendit Origène à Césarée de Palestine en 231, fut gagné par lui au christianisme, et resta son auditeur et son élève jusque vers 239. Un peu plus tard, vers 240, il devint évêque de Néocésarée dans le Pont ; c’est là qu’il passa la fin de sa vie et mourut vers 270[4]. Ses œuvres, en grande partie perdues, comprenaient des traités dogmatiques et des homélies, dont nous n’avons pas à nous occuper. Mais il y a peut-être quelque intérêt à signaler son Discours sur Origène (Εἰς Ὀριγένην προσφωνητιϰὸς ϰαὶ πανηγυριϰὸς λόγος (Eis Origenen prosphônêtikos kai panêgurikos logos)), prononcé solennellement en 239, au moment où il se séparait de son maî-

  1. Bardenhewer, § 30 ; Battifol, p. 180487. Lehmann, Die Katechetenschule zu Alexandria, Leipzig, 1896.
  2. Bardenhewer, § 42, 3 ; Battifol, p. 187.
  3. Suidas, Λουϰιανὸς ὁ μάρτυς (Loukianos ho martus).
  4. Biographie, en partie légendaire, par Grégoire de Nysse, Migne, Patrol. Gr., XLVI, 893-957; Suidas, Γρηγόριος ὁ ϰαὶ Θεόδωρος (Grêgorios ho kai Theodôros).