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ÉCRIVAINS CHRÉTIENS SECONDAIRES

tre[1]. Le texte en est venu jusqu’à nous[2] ; et, outre l’intérêt historique qu’il présente, il nous laisse voir, plus qu’aucune autre œuvre du temps, comment l’influence de la rhétorique grecque commençait à pénétrer dans certains milieux chrétiens. Elle s’y trahit, chez lui, par l’emphase, les hyperboles, les tours oratoires ; mais il apparaît par ces défauts même qu’en certaines circonstances au moins, ces sévères exégètes n’étaient pas insensibles à l’élégance du discours ; et nous voyons ainsi naître parmi eux un goût de l’art littéraire qui devait bientôt porter ses fruits.

Ce même goût se fait sentir plus fortement encore chez un autre écrivain contemporain, l’évêque Méthodios, aussi décidé contre Origène que Grégoire l’était en sa faveur. Tout ce que nous savons de lui se réduit à peu près à ceci, qu’il fut évêque d’Olympos en Lycie à la fin du iiie siècle et mourut martyr, probablement en 311, pendant la persécution de Maximin Daïa[3]. Mais il n’est pas douteux qu’il n’ait été instruit dans les lettres profanes, car tout ce qu’il a écrit atteste l’influence des modèles classiques, poètes et prosateurs, de Platon en particulier[4].

N’insistons pas ici sur les fragments de sa Réfutation de Porphyre, non plus que sur ceux du traité anti-origéniste Sur les choses créées (Περὶ τῶν γενητῶν (Peri tôn genetôn)), ni sur

  1. Jér., De vir. illustr., ch. Lxv : Convocata grandi frequentia, ipso quoque Origene præsente.
  2. Les œuvres subsistantes de Grégoire sont dans la Patrol. grecque, de Migne, t. X.
  3. Jérôme, De vir. illustr., ch. Lxxxiii. Suidas, Μεθόδιος Ὀλύμπον (Methodios Olympon). — Bardenhewer, § 32 ; Batiffol, p. 140.
  4. S. Methodii opera et S. Methodius Platonizans, édit. A. Iahn, Halle, 1865 ; la première partie contient les œuvres et les fragments, la seconde une étude sur le platonisme de Méthodios et des Pères grecs. — Une partie des écrits perdus se trouve traduite en vieux slavon dans un Corpus Methodianum qui a été publié par Bonwetch, en 1891.