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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

l’humanité dans la tempête. Comme d’ailleurs sa morale du plaisir est, dans la pratique, une morale de modération et de sagesse, il a des pages d’une inspiration vraiment belle et élevée sur les conditions de la vie heureuse. « Ce ne sont pas les beuveries et les festins, ni les amours, ni les poissons délicats et autres raffinements d’une table somptueuse, qui rendent la vie agréable : c’est une raison à jeun[1], capable de savoir pourquoi elle veut ou ne veut pas, capable de rejeter les opinions vaines, source ordinaire des troubles de l’âme[2]. » De telles lignes pourraient être signées d’un socratique : pour être d’Épicure, elles n’en sont pas moins d’une aimable et forte sagesse.


À côté d’Épicure, il faut signaler son disciple préféré, Métrodore, qui mourut sept ans avant lui[3]. Nous savons par Diogène Laërce les titres d’une vingtaine d’ouvrages de Métrodore, mais les fragments qui nous en restent sont sans importance.

Le successeur d’Épicure fut Hermarchos, de Mitylène, qui avait fait la connaissance du maître lors du séjour de celui-ci dans sa ville natale. C’était donc un des plus anciens disciples. Épicure en parle avec affection dans son testament et le désigne lui-même pour son successeur[4].

Hermarchos, à son tour, fut remplacé par Polystratos[5], dont un écrit assez insignifiant nous a été conservé par les papyrus d’Herculanum[6].

  1. Νήφων λογισμός.
  2. Diog. L., X, 432.
  3. Diog. L., X, 22-24. Cf. Düning, De Metrodori vita et scriptis. Leipzig, 1870 (avec les fragments). — Sur tous les disciples d’Épicure, consulter l’Index des Épicurea de Usener, et le t. I de Susemihl, p. 98 et suiv.
  4. Fragment dans Porphyre, De abstin., I, 7-12.
  5. Diog. L., X, 25.
  6. Vol. Hercul., IV. Cf. Gomperz, Hermes, XI (1876), p. 399-421.