Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/889

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
871
THÉMISTIOS

mélodie, par les souvenirs classiques dont elle était imbue, cette prose sonore et vide a charme les contemporains. De vrais orateurs, comme S. Basile et S. Grégoire de Nazianze, ont même profité de son influence : ils ont senti, en l’écoutant, la valeur du rythme, du tour aise, de l’expression choisie ; ils ont reçu d’elle, en un mot, cette tradition du style qui avait manqué aux docteurs chrétiens du iiie siècle. Que ce soit donc là, faute de mieux, la louange durable d’Himérios.

Un intérêt plus sérieux s’attache à Thémistios, grand personnage, mêlé aux événements politiques de son temps, et digne de respect, autant par la noblesse de son caractère que par son talent.

Thémistios[1] naquit entre 310 et 320, probablement en Paphlagonie, ou son père Eugénios possédait un domaine. Cet Eugénios, riche et intelligent, s’adonnait à la philosophie et aux lettres : il semble avoir professé avec un certain éclat, pendant une partie au moins de sa vie[2]. Thémistios fut élevé d’abord auprès de lui, et sans doute par lui. Il lui dut le goût de la philosophie et des lettres, un attachement éclairé à l’hellénisme, la modération et la dignité du caractère, enfin le germe de cette éloquence douce, claire, brillante, qui allait faire

  1. Suidas, art. Θεμίστιος (Thémistios) ; Photius, cod. 74. Sa vie nous est surtout connue par ses Discours, auxquels il faut joindre quelques témoignages tirés des lettres de Libanios, de Julien, de Grégoire de Nazianze (Ép. 140), et des historiens ecclésiastiques. Voir, dans l’édition Dindorf, p. 478, la Biographie composée par le P. Petau, et aussi, dans la Biogr. univers. de Michaud, l’intéressant article de V. Leclerc.
  2. Thémistios, 20e Disc., p. 291, Dindorf. Ce discours de Thémistios est l’éloge funèbre de son père. Voir aussi le Disc. de Constance sur Thémistios, p. 24 de l’édition Dindorf. On a cru, sans preuve bien solide, qu’il était l’Eugénios auquel est adressée la 18e lettre de Julien.