établi à Constantinople, à la tête d’une école prospère. Ses succès lui attirent des envieux : leurs intrigues et leurs calomnies l’obligent à s’éloigner. À l’âge de trente-deux ans, en 346, chassé de Constantinople, il va professer à Nicée, puis à Nicomédie, où il semble avoir retrouvé le même succès. Les cinq années qu’il y passa (346-351) lui laissèrent un souvenir plein de charme ; il les appelait plus tard « le printemps et la floraison de sa vie[1]. » Toutefois, il revint encore à Constantinople, puis à Athènes, comme professeur public ; mais en 354, à l’âge de quarante ans, étant rentré dans sa ville natale, il se décida à s’y fixer. C’est à Antioche qu’il vécut des lors, sous les règnes de Constance, de Julien, de Jovien, de Valens et de Théodose ; il y mourut, dans un âge avancé, à une date incertaine, mais en tout cas après 391[2].
La situation qu’il s’y était faite par son talent était de nature à contenter son ambition. Il était reconnu comme le premier des maîtres d’éloquence dans la Syrie grecque ; il séduisait tous ceux qui l’approchaient par une souplesse caressante[3]. Les chrétiens même subissaient son influence littéraire ; parmi ses disciples il put compter le jeune Jean, qui allait devenir, sous le surnom de Chrysostome, le plus grand orateur de l’Orient grec. D’ailleurs, loin de s’enfermer dans son école, il se mêlait à tout. Il adressait des discours aux grands personnages, aux empereurs ; il traitait les affaires de la ville, se faisait, selon les circonstances, son patron, son panégyriste, son conseiller, son défenseur ; il écrivait sans cesse et à tout le monde, pour demander, recommander, remercier, complimenter. Tout ce que