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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

tout trop amie des discours, mais qui donne a son personnage quelque chose de sympathique.

Cette sagesse, grave et douce, nous sommes loin de la trouver également chez son contemporain, Libanios d’Antioche : véritable nature d’homme de lettres, sujette à s’engouer et à s’irriter, intelligence vive et brillante, sans grande étendue ni force de réflexion, bel esprit, mais en fin de compte honnête, éloquent, applaudi, et offrant, par ses qualités comme par ses défauts, une image assez fidèle de la société païenne du temps.

Né à Antioche, en 314, Libanios était issu d’une famille riche et considérée[1]. Ayant perdu de bonne heure son père, il fut élevé par les soins de sa mère et de ses oncles. Quand il eut achevé ses premières études dans sa ville natale, saisi d’un vif amour pour l’éloquence, il se rendit à Athènes, en 336, pour s’y perfectionner dans la rhétorique. Là, au lieu de s’attacher aux maîtres les plus renommés, Épiphanios ou Prohærésios, il suivit les leçons de l’obscur et médiocre Diophantos qui l’avait circonvenu habilement. Au reste, il semble avoir fait son éducation oratoire surtout en lisant et en relisant les anciens orateurs attiques. Bientôt, il fut en état d’aider son maître dans son enseignement, et il professa ainsi à Athènes, en qualité d’adjoint, mais pendant peu de temps. Après un court voyage, nous le voyons en 342

  1. La principale source, pour sa biographie, est le 1er Discours (Βίος ἢ περὶ τῆς ἑαυτοῦ τύχης), qui semble avoir été composé en 374 et complété plus tard. Il y a en outre beaucoup de renseignements à tirer de ses autres discours et de sa correspondance. Nous avons aussi une notice assez détaillée dans les Vies des Soph. d’Eunape, son contemporain, et une autre peu étendue dans Suidas (Λιϐάνιος ; cf. Ἀϰάϰιος). La vie de Libanios a été étudiée de près par Sievert, Das Leben des Libanius, Berlin, 1868. Voir L. Petit, Essai sur la vie et la correspondance du sophiste Libanius, Paris, 1866 : la vie de Libanius y est résumée commodément en un tableau chronologique, p. 15-18.