Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/922

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
904
CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

beautés originales d’Homère pour s’affranchir en partie du gout prédominant. Bien doué pour la versification, il n’avait du reste ni force d’invention, ni sensibilité profonde : c’était par nature un imitateur, qui a dû vivre uniquement dans les livres, étranger ou indifférent à son temps. Sans autre dessein que de trouver un emploi à son talent, il entreprit de condenser en un récit épique les principaux événements de la guerre de Troie après la mort d’Hector.

Son poème en quatorze chants, intitulé la Suite d’Homère (Τὰ μεθ’ Ὅμηρον)[1], commence où finit l’Iliade ; il raconte la mort de de Penthésilée, celle de Memnon, celle d’Achille et ses funérailles (l. {{rom-maj|I-III), les jeux funèbres célébrés en son honneur, la querelle des armes et la mort d’Ajax (l. IV et V), les exploits d’Eurypylos et ceux de Néoptolème, la mort d’Eurypylos (l. VI-VIII), la bataille sous les murs et la venue de Philoctète (l. IX), la mort de Paris, l’assaut repoussé, la construction du cheval de bois, la ruse de Sinon, la mort de Laocoon, les prédictions vaines de Cassandre, la prise de la ville (l. X-XIII), le départ des Grecs, la tempête et la mort d’Ajax le Locrien (l. XIV). C’est, comme on le voit, une série continue de récits sans unité intime. Le poète en a pris les éléments dans les vieilles épopées cycliques, ou plutôt dans les mythographes qui en avaient déjà condensé la substance ; il a pu s’inspirer aussi de quelques autres poètes, peut-être même de Virgile ; mais il semble n’avoir presque rien demande à la tragédie. Pour le détail des pensées et du style, il suit d’aussi près que possible Homère, Hésiode, Apollonios

  1. C’est le titre du principal manuscrit, confirmé par le scol. de l’Iliade, II, 220. Le titre Τὰ παραλειπόμενα Ὁμήρου paraît plus récent et moins autorisé. — Sur ce poème, consulter les Prolégomènes d’A. Kœchly dans son édition de 1850. (Voir la Bibliogr. en tête de ce chapitre.)