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LA POÉSIE : QUINTUS DE SMYRNE

Si nous connaissions mieux la poésie officielle du ive siècle, peut-être pourrions-nous y montrer l’influence des études à la mode. Les discours d’Himérios ne permettent guère de douter qu’il ne se soit développé alors dans les écoles un goût d’imitation poétique qui a dû se faire sentir chez les versificateurs contemporains. Mais s’il y eut, au temps de Constantin et de Constance, des auteurs d’épopées ou de panégyriques en vers à la gloire des empereurs, ce qui est fort probable, nous les ignorons. Un témoignage isolé, celui de l’historien Socrate, reproduit par Nicéphore, nous fait connaître seulement un certain Callistos, qui célébra en hexamètres la gloire de l’empereur Julien[1]. Cela suffit à établir historiquement la persistance du genre, sans nous permettre de le juger.

C’est dans l’épopée mythologique uniquement que se manifeste alors pour nous une tendance sensible à relever la notion de l’art. Elle a pour principal représentant le poète Quintus de Smyrne[2]. Tout ce que nous savons de lui, c’est ce qu’il nous en apprend lui-même sous une forme allégorique (XII, 308-313), à savoir qu’il gardait ses troupeaux près de Smyrne, non loin du temple d’Artémis, lorsque les Muses l’inspirèrent, et qu’il était de condition libre[3]. La facture de ses vers permet d’affirmer qu’il a dû être antérieur à Nonnos, mais il est difficile de dire de combien il a pu le précéder ; et ce n’est qu’une vraisemblance assez vague qui semble autoriser à le placer vers la fin du ive siècle. Quoi qu’il en soit, Quintus fut certainement un élève de la sophistique, mais assez vivement touché des

  1. Socrate, Hist. ecclés., III, 21. Cf. Nicéph., VI, 34.
  2. Quintus de Smyrne est aussi appelé quelquefois Quintus de Calabre, parce que le premier ms. de son poème fut découvert en Calabre par le cardinal Bessarion en 1450.
  3. Cf. Tzetzès, Schol. in Posthom., 282.