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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

auteur de l’Éloge de Stilicon, des invectives Contre Rufin et contre Eutrope, de l’Enlèvement de Proserpine et de diverses poésies, parmi lesquelles figure une autre Gigantomachie en latin[1]. Quoi qu’il en soit, les quelques fragments de la Gigantomachie grecque dénotent une imagination éprise des hyperboles jusqu’à la puérilité et docile au mauvais goût du temps[2]. — L’autre épopée, dont quelques fragments ont été découverts en 1880 sur un papyrus égyptien, était une Guerre contre les Blémyes (Βλεμυομαχία)[3]. Il nous en reste un peu moins de quatre-vingts vers mutilés, qui ne permettent même pas de décider avec certitude si la guerre racontée était, ainsi qu’on l’admet en général, une expédition des Romains contre la peuplade éthiopienne des Blémyes, ou une guerre mythologique. La facture semble indiquer que l’auteur doit être placé entre Quintus de Smyrne et Nonnos, c’est-à-dire, sans doute, comme Claudien, tout à la fin du ive siècle[4].

À cette épopée du ive siècle, se rattachent probablement par la date quelques-unes des poésies conservées dans le recueil orphique[5]. Deux méritent une courte

  1. Voir la notice de A. Ludwich, dans l’édit. citée, p. 161. Suidas (Κλαυδιανός) place Claudien sous Arcadius et Honorius, ce qui s’accorde bien avec les dates de la vie du poète latin. Mais Évagrios, I, 19, le met sous Théodose II. Il me paraît plus probable que le poète grec est à distinguer du poète latin.
  2. Neuf épigrammes de l’anthol. palatine portent aussi le nom de Claudien. Une scolie qui y est jointe dans le manuscrit du Vatican nous apprend qu’il avait composé en outre des poèmes sur l’histoire de plusieurs villes : Tarse, Anarzabe, Bérytos, Nicée.
  3. Éditée par Ludwich dans le même volume que la Gigantomachie de Claudien, p. 183. Voir les Prolégomènes, pour l’histoire du texte et sa date. L’auteur renvoie à une dissertation publiée par lui (Index lect. hibern. Academ. Albertinæ Regimont. 1892, p. 26-31).
  4. Pour cette raison, il paraît impossible d’attribuer ce poème, comme on a voulu le faire, à Kyros de Panopolis, dont nous parlerons au chapitre suivant. Bücheler, Rhein. Museum, 39, 277.
  5. D’autres poésies orphiques dont nous n’avons rien dit ont pu