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POÉSIES ORPHIQUES

mention, en raison de leur notoriété : le Lapidaire et les Argonautiques.

Le Lapidaire (τὰ Λιθιϰά) est un poème didactique d’environ huit cents hexamètres, dans lequel Orphée est censé enseigner à Théodamas, fils de Priam, les vertus des pierres précieuses[1]. Ces pierres sont très puissantes sur l’esprit des dieux, qu’elles rendent favorables, et en outre elles guérissent beaucoup de maux. Dans le préambule (v. 61 et suivants), l’auteur se plaint amèrement de ce que la sagesse est persécutée. On a pensé, non sans vraisemblance, que ces plaintes ont pu être motivées par les rigueurs dont les magiciens furent l’objet à plusieurs reprises sous les empereurs chrétiens, notamment en 357 et en 371. En tout cas, le poème est un curieux document pour la connaissance des doctrines et des pratiques de la magie ; mais il n’a réellement que ce mérite.

Les Argonautiques n’ont rien de ce caractère spécial, et le mérite poétique en est un peu plus grand[2]. La date approximative en a été fixée par Hermann au ive siècle, d’après l’étude de la langue et de la versification. Orphée est censé y raconter, en un peu moins de quatorze cents vers, l’expédition de Jason et son aventure avec Médée. La matière du poème et ses limites sont celles des Argonautiques d’Apollonios de Rhodes ; et, sauf quelques divergences dans la façon de retracer le voyage du retour, l’auteur orphique n’a innové en rien. Dans ce cadre étroit, l’élément dramatique et moral s’est réduit à fort peu de chose, de même que l’élément

    naître dans les premiers siècles de l’empire, par exemple la Théogonie que citent les néoplatoniciens et qui est distincte de l’ancienne Théogonie orphique. Mais tout cela est fort incertain et intéresse peu la littérature. On trouvera quelques indications à ce sujet dans les Orphica d’Abel.

  1. Abel, Orphica (Biblioth. Schenkl), Leipzig, 1885.
  2. Même recueil.