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CONCLUSION

jeux frivoles d’une virtuosité oratoire ou dialectique dépouillée de tout sérieux[1].

VIII

Si l’on cherche à dégager, dans cette mêlée des doctrines au iiie siècle, quelques faits généraux qui aident à la comprendre, quelques grands courants qui montrent la direction suivie par la pensée grecque, on arrive à la conclusion suivante.

La métaphysique faiblit, battue en brèche de trois côtés différents, 1o par le souci prédominant de la morale, qui anime le stoïcisme et l’épicurisme ; 2o par le scepticisme, qui pénètre même les successeurs de Platon ; 3o par l’érudition, qui gagne les successeurs d’Aristote et les éloigne de la philosophie proprement dite.

Des deux tendances proprement philosophiques, l’une, la recherche des lois pratiques de la morale, est représentée surtout par l’épicurisme, car le stoïcisme n’a jamais eu qu’un petit nombre d’adeptes ; l’autre, le scepticisme, sous la forme atténuée du probabilisme, est devenue la doctrine favorite des beaux-esprits, celle qui compte parmi ses partisans le plus grand nombre d’hommes de talent : les Arcésilas et les Carnéade sont les successeurs des sophistes et des orateurs d’autrefois dans un monde désormais fermé aux grands emplois de l’éloquence.

Épicurisme et nouvelle Académie, voilà donc, à considérer surtout le nombre des adeptes ou l’éclat des talents, les deux doctrines qui dominent alors la Grèce.

  1. Voir dans Polybe, XII, 26, c, quelques exemples assez amusants des balivernes qui occupaient certains philosophes de l’Académie.