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Page:Croiset - Manuel d’histoire de la littérature grecque, 10e éd.djvu/622

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HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE GRECQUE

Cratès ; et il est certain que le stoïcien, par son mt^pris de la mollesse, par son indépendance un peu rude et son fier langage, a quelques traits du cynique, ^ pour lequel il témoigne d’ailleurs, en général, de la sympathie. Mais le cynique est le plus souvent un ignorant, qui n’a guère souci que de la pratique ; le stoïcien, au contraire, est un esprit cultivé, un raisonneur subtil, qui fonde sa morale sur tout un système métaphysique. Le stoïcisme, comme le platonisme ou Faristotélisme, est une doctnine complète, et, malgré ses paradoxes ou ses bizarreries^ l’une des plus profondes à certains égards, en tout cas l’une des plus hautes moralement que présente l’histoire de la pensée humaine’.

Les fondateurs du stoïcisme sont Zenon, de Kition (colonie phénicienne de l’île de Chypre) ; Cléanthe, d’Assos, en Mysie ; et Chrysippe, de Soles, en Cilicie. Zenon et Cléanthe sont contemporains : le premier était né vers 336, le second vers 331. Chrysippe, qui fut l’élève de Cléanthe, appartient à une autre génération : il était né vers 280 et vécut jusqu’aux dernières années du iii’^ siècle. On remarquera que pas un de ces hommes n’est Athénien de naissance : Zenon et Cléanthe sont de naissance provinciale et presque barbare, de condition modeste. Zenon vient à Athènes pour ses affaires ; Cléanthe avait commencé par être athlète. Ils sont étrangers aux traditions athéniennes, à la fine culture d’un Platon ; ils ont du sérieux, de l’ardeur, un souci médiocre de l’art. Le rôle propre de chacun d’eux dans l’organisation du stoïci>me peut se résumer d’un mot : Zenon est Tiniliateur, et Cléanthe, à ses côtés d’abord, seul ensuite, achève et consolide l’édifice. Mais Chrysippe est le

. Zenon avait pris l’habitude de réunir ses disciples au « Portique des Peintures », Et »  » roi « O.T, ; doù le nom de doctrine « stoicienne » ou du — Portique ». — Les principaux fragments des stoïciens se trouvent dans les écrits de Plutarque consacrés à les réfuter. Pour Cléanttie, cf. Mullach (Didot). Fragm. philosophorum ffrmcorum. 1. 1, p. 151 et suiv.. et surtout Arnim, Sloïcorum releriim fraonu’nlo. Leij>zitr. 1903 (Ti-ulmerj. — A eonsulter : Ravaisson, Essai sur le stoïcisme, Paris, 1856.