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tenant, racontez-nous comment vous avez découvert le crime ?

— Il était donc trois heures trois quarts environ. Jeffries venait de partir, quand je m’étonnai que monsieur Jarvis fut encore à son bureau. J’ouvris la double porte matelassée et j’écoutai un instant. Je n’entendis rien. Alors, je frappai. Aucune réponse. Je frappai plus fort. Toujours rien. Un peu inquiet, j’appelai monsieur Jarvis. N’entendant pas remuer ni parler, j’essayai d’entrer dans le bureau en tournant le bouton de la porte. La porte résista. Le verrou était mis.

— Monsieur Jarvis n’aurait-il pas pu quitter le bureau et refermer le verrou derrière lui avec sa clef ?

— Oui, monsieur, mais il ne le faisait jamais. Aujourd’hui, un samedi, il avait des raisons pour ne pas le faire.

— Lesquelles ?

— Les nuits du samedi au dimanche et du dimanche au lundi, je couche dans le bureau sur un lit de camp ; monsieur Jarvis ne serait pas parti en fermant la porte au verrou. Du reste, le verrou est rarement fermé.

— Combien a-t-il de clefs de ce verrou ?

— Deux.

— Quels en sont les détenteurs ? Monsieur Weld et monsieur Jarvis.

— Vous êtes sûr qu’il n’en existe pas une troisième ?

— Absolument sûr, monsieur. Du moins il n’en existe pas, à ma connaissance.

— C’est bien. Donc, vous essayez d’entrer, et comme le verrou est mis, vous prenez peur ?

— Dame, monsieur, je ne recevais aucune réponse.

— Alors ?

— Alors, comme après tout il était possible que monsieur jarvis fût parti et eût par mégarde fermé le verrou de sûreté, je suis descendu demander à Halsinger s’il l’avait vu sortir.

— Qui est Halsinger ?

— Le portier de la banque.

— Bien. Nous l’entendrons. Ensuite… ?

— Halsinger me répondit que certainement monsieur Jarvis était dans son bureau, qu’il ne l’avait pas vu sortir et que du reste s’il était parti Jeffries m’aurait prévenu avant de s’en aller. Alors nous avons eu peur tous les deux, nous avons appelé, crié, et finalement enfoncé un panneau et ouvert la porte.

— Vous n’avez touché à rien ?

— À rien, monsieur. Quand j’ai eu constaté que monsieur Jarvis était mort, et ce n’était pas difficile à voir, j’ai téléphoné tout de suite à la police et aussi chez le général Kendall, où devait être monsieur Weld.

— Monsieur Weld n’y était pas ?

— Non, on l’attendait avec impatience.

— Ah ! voici Monsieur le juge d’instruction.

Un homme, jeune encore, entra.

C’était le juge d’instruction Suttner.

Le chef de la police se leva et salua.

— Bonjour, Horner ; tiens, Stockton, compliments, ça va bien ? Qui est monsieur ? demanda M. Suttner en voyant Marius.

— Monsieur Marius Boulard, de Paris, envoyé en mission officielle afin d’enquêter sur les procédés de la police américaine.

— Enchanté, monsieur. Que se passe-t-il ? demanda le juge. J’étais absent de mon cabinet quand vous