Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chapitre II

LE CHAUFFEUR OTTO ROSENTHAL


Tandis que Weld, poussant un cri de joie, se précipitait vers la porte, Miss Cecil se redressait et dans ses yeux passait, au travers de ses larmes, un rayon de folle espérance.

Tous du reste avaient été stupéfaits : un instant auparavant la culpabilité de Weld ne semblait faire aucun doute, et sans le regard suppliant de Marius, sans la présence aussi de Miss Cecil, l’ordre d’arrestation eut certainement été donné par Suttner, prêt à agir.

Quant à mistress Kendall, échappée à l’étreinte de Georges, elle avait cherché protection auprès du juge et considérait avec rage ses poignets bleuis.

Si vite que Weld se fut dirigé vers la porte, il fut devancé par Stockton, qui lui dit poliment mais avec fermeté, en l’arrêtant du geste :

— Permettez, monsieur Weld ; si vous le voulez bien, c’est moi qui irai chercher le chauffeur !

— Faites, monsieur, répondit amèrement le banquier, vous serez sûr ainsi que je n’aurai pas pu lui donner « les dernières recommandations sur ce qu’il devra dire ».

La phrase était maladroite et Weld s’en aperçut au regard inquisiteur que Stockton fixa sur lui.

Ce dernier n’eut du reste pas loin à aller : Horner, le chef de la police, était déjà descendu jusqu’à la porte et remontait l’escalier, ramenant le chauffeur.

Pourquoi donc Stockton ne revint-il pas immédiatement avec eux, et pourquoi surtout eut-il un brusque sursaut en regardant l’homme qui allait sans doute établir de façon indiscutable l’alibi du banquier ?

Horner fit entrer le chauffeur, et l’émotion de tous s’étant quelque peu calmée, Suttner commença son interrogatoire.

— C’est vous qui avez conduit dans votre voiture monsieur Weld, ici présent ?

— Oui, monsieur. Tout à l’heure…

— Un moment, je vous prie. Vous répondrez à mes questions et rien qu’à mes questions.

Et Suttner, reprenant les interrogatoires, relisait rapidement celui du banquier.

Le chauffeur, sur qui les yeux de tous les assistants étaient fixés en ce