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monsieur le juge d’instruction, au courant de certaines circonstances heureuses pour vous qui font que, malgré toutes vos escroqueries et vos vols, vous ayez eu à répondre, jusqu’à ce jour de fort peu de choses devant la justice des États de l’Union. Vous avez volé le collier de madame Rosetti et celle-ci a négligé jusqu’à cette heure de porter plainte. Monsieur Boulard a été « refait », c’est son mot, par vous et n’a, lui non plus, déposé aucune demande de recherches.

Comme on n’a jamais pu vous prendre en flagrant délit, aucune de vos escroqueries passées ne peut être retenue contre vous.

— En dehors de la complicité de meurtre dont vous vous défendez, le seul fait prouvé qui puisse être retenu contre vous en ce moment est le vol qualifié du mouchoir et des clefs commis au préjudice de monsieur Weld. Vous niez, il est vrai, l’avoir commis et vous assurez être seulement complice ; cependant j’ai trouvé sur vous le mouchoir volé. Voici aussi clair que possible l’exposé des faits, c’est maintenant à monsieur le juge d’instruction à vous interroger.

— je répondrai.

— Dans ce cas, dit Surtner, nous allons procéder par ordre. Je dois vous prévenir cependant, aux termes de la loi, que vous pouvez refuser de me répondre en l’absence d’un avocat choisi par vous ou désigné d’office. Au cas où vous voudriez vous prévaloir de cet avantage, je ne pourrais que vous faire conduire en prévention et vous garder au secret, puisque vous seriez inculpé de complicité de meurtre. Votre interrogatoire, sauf la partie relative à votre identité, serait renvoyé à une date indéterminée. Mon devoir est de vous mettre au courant. C’est fait. Que décidez-vous ?

— C’est tout décidé, je n’ai, moi aussi, qu’une parole. J’ai donné la mienne à monsieur Stockton, je dirai ce que je sais.

— Bien. Vous savez que j’ai à retenir contre vous la complicité au meurtre de Jarvis ?

— Ce serait le bagne.

— En effet, par contre si je n’ai à retenir contre vous que le délit de vol simple…

— Trois de prison.

— Je vois que vous connaissez la loi.

— Dame, il faut bien.

Ah ! Nous allons procéder à votre interrogatoire. Veuillez me dire vos nom et prénoms. Je vous demande, bien entendu, ceux qui figurent sur vos papiers officiels.

— François-Georges Martin.

— Né à ?

— Versailles.

— En France ?

— Oui, département de Seine-et-Oise.

— Votre âge ?

— Trente et un ans.

— Vous avez souvent pris des noms qui ne vous appartenaient pas ?

— Je préfère voyager incognito.

— Oui. Sans rechercher vos différents avatars, je ne parlerai que de vos deux derniers… pseudonymes. Pendant la dernière traversée faite sur « le Gladiateur », où vous aviez comme compagnons de voyage, messieurs Boulard et Stockton, vous vous faisiez appeler ?

— Comte Maximilien de Borchère.

— Pardon, interrompit Stockton, je croyais que vous aviez pris le prénom d’Ernest ?

— C’est vrai : Ernest.

— Mettez Ernest Maximilien, dit