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Page:Cromarty - K.Z.W.R.13, 1915.djvu/59

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bine, sans prendre le soin de cacher les traces de son passage, fait du bruit en refermant votre porte…

— Ce qui réveille le garçon.

— J’allais le dire. Et pour montrer à ce dernier qu’il n’a rien à se reprocher, il lui parle et lui fait une recommandation quelconque.

— Admirablement déduit.

— Puissamment raisonné.

— Maintenant, reprit le capitaine, qu’allons-nous faire ?

— L’arrêter, suggéra le second.

— D’abord, nous n’en avons pas le droit. Si nous avons des présomptions pour ainsi dire irréfutables, nous n’avons aucune preuve et si je me trompe…

— Vous ne vous trompez pas, assura Marius.

— Vous ne pouvez pas vous tromper, surenchérit monsieur Lartigue.

— Enfin, c’est une supposition. Admettons une minute que j’aie fait fausse route.

— Soit !

— Admettons-le, quoique…

— Enfin, admettons-le. Si je décide de prendre une mesure de rigueur, comme par exemple, de consigner ce monsieur dans sa cabine, je m’expose, en cas d’erreur, à des réclamations auprès de la compagnie et à des ennuis sans nombre.

— Sans compter les excuses que vous seriez obligé de faire.

— Certes. Puis, en somme, personne ne s’est plaint. Rien n’a été volé, rien n’a disparu du bord.

— Pas que je sache.

— Puis, interrompit Marius, j’ai eu un moment cette idée que j’avais pu avoir un accès de somnambulisme ! Quoique cela ne me soit jamais arrivé, ce serait dans les choses possibles.

— Vous oubliez, monsieur Boulard, la trace de la cloison et la boulette de cire !

— C’est vrai, la voici, du reste.

— Donc, éloignons toute idée de rêve ou de somnambulisme. Mais encore une fois, rien dans ce qui s’est passé ne nous autorise à sévir. Donc, voici ce que je propose.

— Voyons.

— Pendant le déjeuner, sûr que notre homme n’est pas dans sa cabine, vous voudrez bien, monsieur Lartigue, faire une petite perquisition dans ses bagages et voir s’ils ne contiennent pas des objets suspects ou des outils de cambrioleur.

— Entendu.

— Vous emmènerez avec vous le serrurier du bord. Soi disant la serrure de la porte fonctionnera mal, et comme l’ouvrier l’arrangera à l’intérieur, vous serez ainsi à l’abri de toute visite de notre homme.

— Parfait ! Sans compter que le serrurier pourra m’aider à ouvrir ses malles.

— Nous ferons du reste, monsieur Boulard et moi, en sorte que notre homme ne quitte pas la table.

— C’est facile.

— Cette visite faite, selon le résultat obtenu, nous aviserons. Est-ce votre avis, messieurs ?

— Absolument.

— Il n’y a pas autre chose à faire !

— Donc, attendons l’heure du déjeuner. Ah ! pendant que j’y pense, monsieur Lartigue, voulez-vous faire passer dans les chambres des passagers pour demander les noms de ceux qui voudront profiter de l’escale que nous faisons à Lisbonne pour visiter la ville ?

— Combien de passagers pourront débarquer ?

— Tous ceux qui le demanderont,