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essayé de les chloroformer. Rien n’a disparu chez eux ?

— Sir Maurice n’a rien dit de pareil, d’où je conclus qu’il y a eu tentative non suivie d’exécution.

— C’est probable,

— Attendons les événements.

— Et allons déjeuner. La bouillabaise n’attend pas.

Et Maugard et Marius suivirent les voyageurs qui descendaient à la salle à manger.

Sauf la « soupe de poisson » qui rallia tous les suffrages, la journée se passa sans incident notable.

Le comte de Borchère ne quitta pas sa cabine. Marius roda autour des tables de jeu — mais sans risquer un centime — et pour cause. Ketty, madame Roseti et madame d’Espartoso firent de la musique.

Quant à Stockton, il s’étonna que la serrure de sa porte, qui fonctionnait si bien le matin, se trouva détraquée après son départ. Il s’aperçut aussi qu’on était entré dans sa cabine, malgré que tout y eût été remis soigneusement en place par monsieur Lartigue.

La perquisition faite par celui-ci n’avait donné aucun résultat. Dans la malle de cabine on avait bien trouvé un coffret en fer de quarante centimètres carrés environ, mais la serrure du coffret avait résisté à toutes les tentatives faites pour l’ouvrir.

Ce n’était pas un indice. On ne peut faire un crime à un voyageur d’avoir avec lui un petit coffre-fort. Cependant il pouvait y avoir là dedans tout un attirail de rat d’hôtel. En secouant le coffre, on entendait comme un bruit — léger — de ferrailles se heurtant les uns contre les autres…

Ce n’était pas suffisant pour en exiger l’ouverture. Le capitaine Maugard se déclara impuissant à pousser les choses plus loin.

Il fallait attendre.

Le dîner réunit les mêmes personnes et les conversations habituelles allèrent leur train.

À un moment cependant, on parla de l’escale du lendemain, et de la visite de Lisbonne, projetée par quelques-uns.

MM et Mmes  Roseti, Ketty, Marius, Stockton, s’étaient fait inscrire parmi les passagers désirant débarquer.

Le comte de Borchère, lui aussi, s’était fait porter sur la liste de ceux qui désiraient aller à terre. Il gardait toujours la chambre, indisposé, mais le médecin du bord l’avait visité, et avait rassuré sur sa santé, le capitaine et ceux qui l’interrogeaient.

— Rien de grave ; un peu de mal de mer. Le comte a des dispositions à l’asthme et peut-être vaudrait-il mieux le laisser seul dans sa cabine. Ce soir, il mangera deux œufs, boira une tasse de thé. La promenade à terre lui fera grand bien et à son retour de Lisbonne il sera complètement rétabli.

— En ce cas, répondit le capitaine Maugard, nous allons mettre Monsieur Quimby dans une cabine où il sera seul. Comme il gagnera au change il ne demandera pas mieux que de souscrire à cet arrangement. J’enverrai Monsieur de Borchère demain à terre dans le canot de la poste. De cette façon il sera à Lisbonne une heure ou deux avant tout le monde et pourra se soigner aussitôt. Espérons qu’il sera assez bien pour pouvoir se joindre aux autres voyageurs qui visiteront Lisbonne, ce sera plus agréable pour lui. Voyez-vous un avantage pour sa santé à cet arrangement, mon cher docteur ?

— Un très grand, et ce sera parfait