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ainsi. Décidément, commandant, vous êtes un père pour vos passagers ! je vais prévenir le comte, et aussi monsieur Quimby de tout de ce que vous avez décidé.

Comme les autres soirs, madame d’Espartoso, Ketty, madame Roseti firent de la musique au grand salon.

Cette fois, Marius fut là pour applaudir sa fiancée, celle-ci pour la circonstance avait arboré une délicieuse robe rose pâle : une audace pour une blonde.

Quant à madame Roseti, elle avait sorti tous ses diamants. « Une jolie vitrine de bijoutier » avait remarqué Stockton.

La soirée se termina assez tôt. Il fallait le lendemain être prêt de bon matin.

Peu à peu tout le monde se retira et tout s’endormit sur le navire.

La nuit fut calme.

Marius s’était cette fois soigneusement enfermé en poussant le verrou intérieur que, sur sa demande, le serrurier avait posé à sa porte. Même précaution avait été prise pour la cabine de Ketty.

Le capitaine Maugard s’était du reste promis de signaler à la Compagnie, cette amélioration à effectuer pour l’avenir, et comptait faire poser des verrous de sûreté à toutes les portes lors de son prochain voyage.

Le lendemain à cinq heures du matin, le canot de la poste était paré : le comte de Borchère y descendit. Très pâle encore et déprimé, il se traînait, plutôt qu’il ne marchait, pour aller prendre sa place dans le canot. Le docteur l’accompagna jusqu’à ce qu’il fut installé et lui prédit qu’aussitôt à terre, dans trois quarts d’heure à peine, il serait tout à fait remis de son indisposition.

Le capitaine, à la coupée, lui souhaita bon voyage et prompt retour !

Vers six heures et demie, Marius sortit de sa cabine, frais et pimpant. Cette fois il avait dormi — naturellement — et s’en trouvait bien.

Ketty, Stockton, Quimby, Gugenheim parurent à leur tour. Les autres passagers, ceux du moins qui désiraient débarquer, arrivaient à un à un.

Le premier canot était paré ; déjà Ketty y était descendue. Marius allait la suivre quand en regardant derrière lui, il n’aperçut point monsieur et madame Roseti, qui cependant, devaient les accompagner, et même les piloter dans Lisbonne, qu’ils avaient déjà visitée.

Il en fit la remarque à monsieur Lartigue, qui obligeamment envoya un marin frapper à la porte de leur cabine. Comme celui-ci tardait à revenir, Marius descendit lui-même.

Il trouva le marin à la porte, frappant fortement.

— On ne répond pas ?

— Et cependant on doit m’entendre, car voilà cinq minutes que je frappe.

Marius appela :

— Monsieur Roseti ! Monsieur Roseti !…

— Rien. Aucune réponse !

— Il est certainement arrivé quelque chose, et d’un vigoureux coup d’épaule, il enfonça la porte !

Monsieur et Madame Roseti, privés de connaissance, chacun dans sa couchette, dormaient de ce sommeil effrayant que donnent les vapeurs chloroformiques.

Une odeur « sui generis » régnait dans la cabine et Marius reconnut sans peine la cause de cet étrange sommeil. Il se précipita sur le hublot, qu’il ou-