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? — K. Z. W. R. — 13

vrit, puis se retournant vers le matelot, vers les domestiques accourus au bruit :

— Vite, le médecin. Vous, prévenez le capitaine et monsieur Lartigue. Dites à ce dernier qu’on arrête l’embarquement des passagers et qu’on fasse revenir les canots, au cas où l’un d’eux, ou plusieurs d’entre eux, seraient déjà en route pour Lisbonne. Vite ! et dites au capitaine ce que vous venez de voir !

Le médecin, prévenu aussitôt, arrivait. Il envoya chercher dans la pharmacie du bord ce qui était nécessaire et donna immédiatement aux deux malades les soins que réclamait leur état.

Marius, rassuré, était monté sur le pont : un seul canot était parti, mais obéissant aux ordres envoyés par les signaux, il revenait avant d’avoir touché terre.

En quelques mots, Marius mit au courant les deux officiers. Quelles mesures fallait-il prendre ?

En tous cas, le malfaiteur, quel qu’il fut, n’avait pu quitter le bord.

Pendant que le capitaine priait tous les passagers de passer dans leurs cabines, et que ceux-ci, étonnés, ne s’expliquaient pas la raison de cet ordre et se demandaient entre eux ce qui pouvait le motiver, le premier canot accosta, et les passagers et l’équipage regagnèrent leurs postes respectifs.

— Pourquoi n’avez-vous viré de bord qu’à mon second signal ? demanda le capitaine au patron du canot.

— Mon commandant, c’est parce que monsieur — et le patron désignait Stockton — voulait que nous continuions notre route, il me disait qu’il prenait tout sur lui et que vous m’approuveriez d’avoir suivi ses instructions ! Et si vous n’aviez pas réitéré le signal du retour, j’allais mettre monsieur à terre.

— Capitaine, et Stockton s’avançait…

— Monsieur, veuillez vous rendre dans votre cabine et n’en sortir qu’à mon appel.

— Mais, capitaine.

— Cet ordre ne vous est pas particulier. Tous les passagers s’y sont déjà conformés et je vous rappelle que mes décisions ne doivent pas être discutées.

Stockton s’inclina et se rendit à sa cabine.

— Monsieur Lartigue, continua le capitaine, veuillez faire placer un homme à chaque couloir des cabines, et qu’aucun passager ne puisse quitter sa chambre. Faites fermer les hublots du reste, ils donnent sur les ponts-promenade et il suffira de veiller à ce que personne ne puisse jeter par ces ouvertures aucun objet. Monsieur Gugenheim, vous partagez, je crois, la cabine de monsieur Stockton ?

— Oui, capitaine.

— Vous voudrez bien le surveiller discrètement et appeler si vous vous aperceviez de quoi que ce soit d’insolite.

— Parfaitement, capitaine.

— Monsieur Boulard, Monsieur Lartigue, voulez-vous me suivre ?

Et le capitaine se dirigea vers sa cabine, transformée pour la circonstance en cabinet de juge d’instruction.

— Eh bien, messieurs, leur dit-il quand tous trois furent entrés, que dites-vous de cela ?

— Cela devait arriver, dit Marius.

— Heureusement que notre filou n’était pas encore à terre, sans cela nous aurions pu courir après les bijoux de madame Roseti, car ceux-ci ont sûrement été volés, Mais on n’au-