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FANTAISIES EN PROSE

Puisque, si l’on ouvre le meuble, les lumières et les feux s’éteignent ; les invités, élégants, coquettes et vieux parents disparaissent pêle-mêle, sans souci de leur dignité, dans les glaces, couloirs et colonnades ; les fauteuils, les tables et les rideaux s’évaporent.

Et le salon reste vide, silencieux et propre ;

Aussi tout le monde le dit « c’est un meuble de marqueterie et voilà tout », sans se douter qu’aussitôt le regard détourné,

De petits visages narquois se hasardent à sortir des glaces symétriques, de derrière les colonnes incrustées, du fond des couloirs postiches.

Et il faut un œil particulièrement exercé, minutieux et rapide, pour les surprendre quand ils s’éloignent en ces perspectives exagérées, lorsqu’ils se réfugient dans les profondeurs imaginaires des petites glaces, à l’instant où ils rentrent dans les cachettes irréelles du bois poli.