Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/188

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écrite de livraison pour les cas imprévus. Ainsi muni, j’entrai résolument dans le monde.

Après de nombreux insuccès (tant il est vrai qu’on n’apprend rien que par expérience), insuccès inutiles à raconter, je trouvai enfin mon affaire. Ce fut dans une famille habitant le Marais, dans un de ces vieux hôtels de président du Parlement.

Tout le premier étage servait de magasin de papier, et par le grand escalier de pierre à rampe patiemment forgée on montait d’interminables marches jusqu’à l’étage supérieur, où habitait M. D*** et sa famille. L’aspect honnête, oublié, de cette maison me plut tout d’abord la première fois que j’y vins.

M. D*** avait cédé au mari de sa fille aînée le magasin de papier d’au-dessous. Autrefois, la plume à l’oreille et l’œil aux ballots, il y avait acquis une fortune assez ronde pour assurer une dot raisonnable à sa fille cadette, tout en se gardant de quoi irriter les espérances de ses gendres.

On recevait tous les samedis. De toutes petites réceptions, thé, petits gâteaux, etc. C’était pour marier la fille qu’on se livrait à ces joies simples, et qu’en outre, les autres soirs de la semaine, on promenait ladite fille dans toutes les maisons du même monde. J’avais parcouru un nombre immense de ces intérieurs, sautant consciencieusement au bruit des polkas et des quadrilles que les mamans complaisantes font suinter de leurs doigts mous. Comme on me rencontrait par-