Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/224

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depuis deux ans, que quelque chose du passé était réellement répété entre nous. J’obéis, et lui demandai : « Est-ce un pari ? » Elle me dit, avec reproche, que non puis me parla de mes vers. Ensuite notre causerie, presque à haute voix devant des bavards qui soupaient, tomba sur le passé, sur la catastrophe finale. Accusant la destinée et un peu moi, elle voulut se justifier. « Pourquoi vous défendre ? Puisque je reviens ici, je n’ai pas de mépris que vous ayez à effacer. » Elle continuait ; mais moi : « Non, vous avez mal fait. Si je méritais cela, il fallait me notifier l’arrêt, avant de l’exécuter. » Elle continuait encore et moi, toujours : « Je ne vous reproche rien ; je vous ai aimée avec votre perversité ; je ne voudrais pas vous changer ; mais vous avez mal fait. »

Depuis, elle n’a plus ni paroles, ni regards méchants contre moi. Je crois que nous rêvons tous deux de recommencer autrefois, mais sans de décision pour que cela ait jamais lieu.