Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/42

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De vétyver, de musc, de bétel, de santal ;
Ces femmes avec leurs parures de métal,
Ces rubis, ces saphirs, ces fleurs, poison qui berce,
Ne valent pas l’Europe impassible et perverse.

Viens ! Voici se dresser le grand chêne, le pin ;
Viens au pays heureux du vin frais, du bon pain.

Voici l’Hellade ! Nous allons avoir des fêtes
Plus claires que les plus beaux rêves des prophètes.
Viens donc voir ces ruisseaux, ce ciel, ces oliviers,
Ces monts où l’on a pris les marbres enviés.

Promenons-nous. Vois donc ces hommes et ces femmes
Dont resteront toujours les formes et les âmes ;
Les femmes, à travers le rideau des roseaux,
Qui nagent, en jasant plus haut que les oiseaux ;
Les hommes, récitant des vers sous les portiques,
S’interrompent avec des riantes critiques.
Ils suivent le chemin que bordent les tombeaux,
Car dans ce pays-ci, les morts même sont beaux ;

Et Platon, à travers sa barbe aux ondes blondes,
Mélodieusement, dit la chanson des mondes.
Praxitèle s’en va, là-bas, avec Vénus
Qu’il a sculptée et qui lui doit bien ses seins nus…