Certes les fauteurs de la servitude objecteront que le bien des Nègres sera une source de maux pour les colons qui n’auront plus de proie. N’est-il pas juste qu’ils ne soient pas absolument dédommagés ? n’est-il pas juste qu’ils expient leurs crimes ? — Ils diront que s’ils ont des gages à payer à leurs cultivateurs, ils ne pourront plus vendre leurs denrées à bas prix aux Européens. Ils diront qu’il faudra que tout devienne plus cher. Ainsi si les fautes d’un commerçant mal-honnête homme sont réprimées par les lois, le public payera davantage ses marchandises, parce qu’il ne doit rien perdre et avoir toujours le même profit. Mais cela fut-il juste ; quand bien même les productions de l’Amérique augmenteraient nécessairement de valeur, ne vaudrait-il pas mieux ne manger qu’un peu de sucre avec beaucoup d’argent, que de man-
Page:Cugoano, Réflexions sur la traite et l'esclavage des Nègres, Royez, 1788.djvu/186
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
Réflexions sur la traite