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Réflexions sur la traite

il n’y a que Dieu qui puisse entendre les gémissemens profonds et la sombre mélancolie d’hommes oppressés par le fardeau de l’esclavage et de la calamité.

La compassion et la bienfaisance du lord Hosts, m’ont délivré de la Grenade et de mes chaînes. Privé pendant un esclavage de huit ou neuf mois de l’espérance de la liberté ; remarquant les plus horribles scènes de la misère et de la cruauté, voyant mes malheureux compatriotes souvent déchirés à coups de fouet, et pour ainsi dire coupés en pièces pour les moindres fautes ; j’ai souvent tremblé et versé des larmes : j’étais meilleur que plusieurs de nos maîtres. J’ai souvent des Nègres rendus stupides par la bastonnade et les coups de fouet, ou harassés par un travail pénible et épuisés par la faim, manger des cannes à sucre ou commettre des fautes semblables ; je les ai vu punis par le fouet,