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Page:Cugoano, Réflexions sur la traite et l'esclavage des Nègres, Royez, 1788.djvu/31

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et l’esclavage des Nègres.

ou frappés sur la face jusqu’à ce que leurs dents fussent fracassées. On leur casse les dents, pour qu’ils servent d’exemple, et pour qu’ils ne mangent plus de cannes à sucre. Ainsi, j’ai vu mes misérables compatriotes dans la détresse la plus pitoyable, et dans la situation la plus affreuse ; j’ai vu l’indignité, la brutalité, la barbarie qui les accablent ; et je n’ai pu remplir ma tête que d’horreur et d’indignation. Je dois cependant avouer, à la honte de mes compatriotes, que quelques-uns d’eux m’ont enlevé et trahi les premiers, qu’ils ont été les premieres causes de mon esclavage et de mon exil ; mais s’il n’y avait pas eu d’acheteurs, il n’y aurait pas eu de vendeurs !

Autant que je puis m’en ressouvenir, les Afriquains de ma contrée, gardent pour esclaves les prisonniers faits à la guerre ou les créanciers insolvables. Mais