Page:Cugoano, Réflexions sur la traite et l'esclavage des Nègres, Royez, 1788.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
Réflexions sur la traite

les esclaves sont bien nourris, bien soignés et bien traités, ils sont seulement habillés autrement que les hommes libres ; et je puis dire avec assurance que la pauvreté et la misère qui pleuvent sur eux comme sur tous les habitans de l’Afrique ; sont bien au-dessous de celles qu’ils rencontrent dans les Indes occidentales, où ils ont de barbares surveillans qui n’ont égard ni aux loix de Dieu ni à la vie de leurs frères.

Graces à Dieu, j’ai été délivré de la Grenade et de l’esclavage. Un Anglais me prit à son service (depuis il m’a rendu ma liberté) ; je sentis bientôt que mon sort était plus agréable. À notre retour en Angleterre je vis écrire et lire, et j’eus le plus grand désir de me procurer ces appuis. Je m’appliquai seul à apprendre à lire et à écrire, et bientôt ces occupations furent ma récréation, mes plaisirs et mes délices. Dès que mon