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Réflexions sur la traite

clavage. Quelques habitans de l’Europe sont peut-être plus méchans que les colons des Indes occidentales et de l’Amérique ; mais leurs serviteurs ne préfèrent pas la situation des Nègres à la leur. Ainsi un homme accoutumé à l’opulence aime mieux les richesses que la pauvreté ; ainsi un homme, libre quelque pauvre qu’il soit, ne veut pas remplacer sa pauvreté par un esclavage semblable à celui du cheval ou du chien. Le malheur du pauvre ne peut jamais être assez affreux pour ressembler au malheur d’un esclave. Les Nègres, quoiqu’ils soient des hommes, sont achetés, vendus et traités comme il plaît à leurs capricieux propriétaires ; ils sont même torturés, déchirés en pièces, et dévorés par le travail et la faim ; et si des traitemens violens les font mourir, leurs fiers tyrans expient cet assassinat par une légère amende. En général, les Nègres consti-