Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/101

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sur des bateaux du pays, débarqua à 20 lieues au nord et fit dans l’intérieur de l’île une marche de 8 journées. Il se trouva le 16 mai en présence de l’ennemi et sur son territoire. Il conduisit si bien son armée qu’il mit en déroute les Seclaves et revint triomphant à Louisbourg après avoir imposé aux vaincus les conditions qu’il voulut. Cette guerre, dont les marches, au moins, avaient dû être fort pénibles, ne lui avait coûté ni un mort ni un blessé. L’état de revue du corps des volontaires porte le 5 juin 1776, 9 officiers et 91 hommes présents, ce qui fait une différence de 3 hommes avec l’état de janvier 1776. L’enquête faite trois mois plus tard, par MM. de Bellecombe et Chevreau, démontra que cette prétendue guerre contre les Seclaves n’avait pas eu lieu.

Ainsi, jusqu’au dernier jour de son commandement, Benyowszky persista dans l’attitude singulière qu’il avait prise dès les premiers temps ; loin de démentir ou même d’atténuer les exploits qu’il s’attribuait, les conquêtes qu’il prétendait avoir faites, il ne cessa de les soutenir et de les amplifier, de telle sorte que, ne pouvant présumer qu’ils avaient affaire à un menteur, les bureaux durent d’abord accepter pour vrais tous ses récits. Si quelque contradiction y fut relevée, si les renseignements qui venaient de l’île de France empêchèrent certains d’y ajouter une foi sans réserve, on se contenta de penser que, comme tous les grands voyageurs, le baron était enclin à quelque exagération. On va pouvoir juger si les bureaux péchèrent par sévérité ou par trop de faiblesse.