Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/104

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Il faisait observer qu’on ne pouvait, avec le peu de monde dont on disposait, faire de grandes choses dans le commencement. Les forces de l’île de France étaient inférieures à une entreprise trop ambitieuse : le ministre recommandait l’économie et l’on manquait même de bâtiments pour entretenir un commerce suivi avec Madagascar. Il conseillait de se contenter au début d’un établissement solide dans la région où l’on avait débarqué, de se créer des alliances dans l’intérieur des terres, de façon à faire de la petite colonie une sorte d’entrepôt pour les bœufs et le riz ; l’année suivante, on pourrait s’étendre un peu plus ; ainsi les habitants ne s’effrayeraient pas de nos agrandissements et s’apprivoiseraient à notre négoce. Il annonçait l’envoi d’un grand nombre d’objets demandés par le baron, y faisait ajouter des pioches et des pelles ; mais il le priait de laisser le garde-magasin, chargé des effets de traite, absolument maître d’établir les comptes.

Au mois d’août suivant (1774), répondant à différentes lettres, il lui répétait qu’il le voyait avec peine établir un plus grand nombre de postes que ses forces ne pouvaient le lui permettre ; il lui recommandait de se défier des naturels du pays malgré toutes leurs démonstrations d’amitié. On ne devait pas se diviser, on ne devait fonder qu’un seul poste. Ainsi, les indigènes respecteraient les Français, parce qu’ils les verraient en force, et l’on éviterait les dépenses auxquelles les moyens médiocres des îles ne pourraient fournir. Comme Benyowszky prétendait avoir réuni 15 milliers de riz et 200 bœufs, Ternay envoya à Madagascar la frégate la Belle-Poule pour rapporter ce qui serait disponible. Il promit aussi d’expédier un petit vaisseau chargé de rafraîchissements, à condition que Benyowszky ne le garderait pas pour visiter la côte ouest de l’île, comme il en avait manifesté l’intention. Il lui recommanda expressément de ménager ses hommes pendant la mauvaise saison, de ne pas les épuiser en courses et surtout de ne pas leur faire faire de terrassements.