Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

répandue. On a vu que Dumas, prédécesseur de Ternay, pacotillait ; Poivre, de vertueuse mémoire, ne fut pas non plus épargné par la médisance. Mais il n’y a aucune preuve, pas même la moindre apparence que MM. de Ternay et Maillart-Dumesle aient, avant ou après l’arrivée du baron, tenté la moindre opération commerciale. Admettons pourtant qu’ils aient regretté de n’en avoir pu faire et ce serait pour Benyowszky un commencement de défense contre les attaques de ses adversaires. En tout cas, on doit reconnaître qu’il ne cite jamais de faits et que dans ses plaintes, généralement fort vives, il distingue toujours le chevalier de Ternay de l’intendant Maillart. Il estime avec juste raison que Ternay s’est toujours montré bienveillant à son égard, tandis qu’il manifeste contre Maillart un implacable acharnement. Si donc l’attitude amicale de M. de Ternay a pu désarmer le baron, si ce dernier reconnaît implicitement son impartialité, puisqu’il ne prononce pas son nom dans les plus violentes diatribes on peut accepter le témoignage de Ternay avec confiance ; quant à Maillart, les faits parleront pour lui et sa justification ressortira des chiffres, ce qui est, en vérité, conforme à la nature des choses, puisqu’il s’agit d’un ordonnateur.

Nous avons vu déjà que Ternay s’était efforcé, en 1774, de retenir Benyowszky à l’île de France jusqu’à la fin de l’hivernage. C’était une marque non équivoque de sa bonne volonté. Il lui avait communiqué les relations et les cartes rapportées par les marins qu’il avait lui-même envoyés explorer les abords de la baie d’Antongil et de Vohémar. Lorsqu’il reçut les lettres du baron qui annonçaient son installation à Louisbourg, il lui écrivit dans les termes les plus affectueux et les plus pressants pour lui conseiller de modérer ses projets. À son avis, l’île Maroce, qui avait toujours été regardée comme l’endroit le plus sain de toute la côte, aurait dû avoir la préférence sur la langue de terre marécageuse qui avait été choisie pour le premier poste.