Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/108

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Cet ordonnateur si bien stylé arriva le 7 octobre 1774 en rade de l’île d’Aiguillon. Il descendit à terre immédiatement et trouva une lettre de Benyowszky qui l’engageait à se rendre à la plaine des Volontaires, son quartier général. Il s’embarqua le lendemain dans une pirogue pour remonter la rivière, et fit la rencontre du baron lui-même, qui, ayant appris l’arrivée de la Belle-Poule, se rendait à Louisbourg. Mais, saisi d’un accès de fièvre, il dut revenir avec des Assises à la Plaine. L’aspect de ce poste semble avoir fait assez bonne impression sur le nouveau venu. Il lui parut qu’on y avait fait des travaux immenses : mais il trouva les registres des comptables très mal tenus, ou plutôt il trouva qu’ils n’étaient pas tenus du tout. Le registre-journal de Senaut était demeuré tout en blanc, « sans qu’on y vît portée une panse d’a ». Il fut donc impossible d’envoyer par la Belle-Poule les états que réclamait Maillart. Il lui donna par contre des renseignements sur les établissements faits par Benyowszky : les magasins avaient été bâtis à la hâte et les effets du roi n’y étaient pas en sûreté, les hôpitaux étaient en si mauvais état qu’ils devaient être reconstruits. L’île d’Aiguillon paraissait inhabitable : elle ne renfermait qu’une plaine presque toujours submergée, elle était couverte continuellement d’un épais brouillard. Lui-même était logé aux quatre vents. Lorsqu’il tombait de la pluie, il avait de la peine à trouver une place pour travailler. Il se déclarait persuadé que les deux tiers des personnes déjà mortes avaient péri faute d’être convenablement abrités ; à l’hôpital même, les malades étaient exposés à la pluie et au vent ; tous les bâtiments de la colonie n’étaient que des cahutes. Il demanda des ouvriers capables de faire les réparations nécessaires, d’autant plus que les malades étaient très nombreux. Le ton des lettres de des Assises, loin d’être hostile, ne marque aucune prévention. On voit certes que sa première impression n’est pas favorable à l’administration de Benyowszky. On voit surtout que les rapports faits par ce dernier sur ses travaux et sur la parfaite salubrité de Louisbourg ne lui semblent pas justifiés. L’