Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/112

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baron l’en remercia, par lettre du 2 janvier 1775, en souhaitant que tous deux pussent passer l’année ensemble le plus agréablement possible et en bonne santé. Il n’y a donc rien à retenir du récit des Mémoires. Pourquoi Benyowszky a-t-il ainsi calomnié cet homme qu’il appelait son ami, ce malheureux qui, n’ayant pu fournir ni les états ni les actes de décès réclamés par Maillart-Dumesle, fut rappelé par lui et mourut à Madagascar avant même de connaître son rappel ? La raison, la voici : le baron cherchant, en 1786, à expliquer son insuccès, voulut en faire peser la responsabilité sur Maillart ; il l’accusa de l’avoir contrecarré, de lui avoir refusé et les marchandises et les fonds nécessaires. Il lui plut aussi d’ajouter à ses griefs administratifs l’imputation de prétendus complots formés contre sa colonie à l’instigation de ce fonctionnaire par des agents complices. Des Assises ne pouvait plus s’en défendre, Maillart, s’il vivait encore, ne réfuta pas le livre de son ennemi, qui fut publié en France seulement en 1791.

L’inimitié dont on l’accuse ne l’empêcha pas d’envoyer à l’établissement de Madagascar des secours qui, vu la pénurie où étaient les îles elles-mêmes, ne laissèrent pas d’être assez considérables. Nous savons par les lettres du chevalier de Ternay qu’on fit partir en l’année 1774 6 vaisseaux chargés de vivres et d’argent pour la colonie nouvelle, sans compter le Desforges et le Postillon qui avaient amené le baron et le corps des volontaires : ce sont le Grand-Bourbon, la Flore, la Dauphine, le Nécessaire, la Belle-Arthur, la frégate la Belle-Poule sur laquelle se trouvait des Assises ; le Conquérant y alla en janvier 1775 et la Dauphine y retourna en janvier 1776.

Nous avons aussi les pièces de la comptabilité de l’île de France adressées au ministre par l’intendant, lesquelles donnent le détail des hommes envoyés, des fournitures faites et des fonds remis au compte de l’établissement de Madagascar[1].

  1. On envoya 20 hommes en août 1774, 30 autres en décembre, Kerguelen en laissa 20.