Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/113

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Quant aux fonds, un premier état, envoyé le 17 août 1774 et complété le 6 septembre suivant, donnait un total de 910,293 livres, non compris les frais de navigation des vaisseaux la Flore, la Belle-Arthur, le Grand-Bourbon et la Belle-Poule ; à la fin de septembre 1775 on atteignait la somme de 1,112,093 livres. Bellecombe et Chevreau, d’après les notes fournies par Benyowszky lui-même, arrivèrent en octobre 1776 au chiffre de 1,799,100 l. 11 s. 6 d., valeur fournie en marchandises, sauf 336,416 livres en argent comptant, payées à M. de Benyowszky lui-même et 315,706 l. 1 s. 6 d., en lettres de change tirées par lui sur le trésorier de l’île de France.

C’était une dépense de près de 2 millions du mois de février 1774 au mois d’octobre 1776 pour environ 300 hommes dont 90 seulement survivaient dès 1775. Il faut noter aussi que les vivres pris sur place, tels que les bœufs et le riz, qui, en droit, auraient dû être achetés, furent probablement enlevés de force. Benyowszky, on le sait, ne comptait pas fort exactement. Il opposa pourtant à ces chiffres les siens : car Maillart lui avait fait passer copie de ses états. Il ne consentit à reconnaître comme faites au compte de l’établissement que 641,458 livres de dépenses ; mais les bureaux du ministère, qui relevèrent les chiffres portés dans ses tableaux, remarquèrent qu’il retranchait ordinairement de ses dépenses des objets qui devaient en faire partie ; les chiffres de Maillart méritent donc confiance. Encore pourrait-on compter au bilan de la colonie le corps et le chargement de la corvette la Sirène qui se perdit en janvier 1776 à Fort-Dauphin et dont la cargaison valait 250,000 livres. Il ne paraît donc pas que Maillart ait mis trop de mauvaise volonté dans ses relations avec le baron ; il est même étonnant qu’il ait fait tant d’avances de fonds alors qu’il ne recevait aucune justification et que Benyowszky se refusait opiniâtrément à reconnaître l’autorité de Ternay et la sienne. À une lettre écrite par eux à Paris pour savoir si l’établissement nouveau devait être regardé ou non comme indépendant de l’île de France, le ministre avait répondu,